Bien qu'il reste encore beaucoup à apprendre sur les voitures autonomes, le Canada est prêt à se lancer dans le développement et les essais de véhicules autonomes et de toute technologie connexe. Outre le fait que le gouvernement canadien a exprimé son soutien à ce type de recherche et de développement, le Canada dispose également d'un secteur automobile spécialisé qui est complété par les essais de véhicules autonomes qui ont déjà lieu sur les routes publiques et dans les centres d'essai.
Bien que la conduite de véhicules autonomes sur les routes ou autoroutes publiques ne soit actuellement pas autorisée au Canada pour le grand public, l'Ontario et le Québec ont tous deux mis en œuvre une législation autorisant les essais. Malgré la nécessité d'un changement législatif substantiel dans l'ensemble du pays, il est évident que le Canada se positionne favorablement pour ce changement inévitable et prend des mesures proactives pour l'avenir des véhicules autonomes.
Cadre réglementaire des véhicules autonomes au Canada
Au Canada, la conduite automobile est principalement réglementée au niveau provincial, mais certaines questions, telles que la sécurité des véhicules et le transport, sont réglementées au niveau fédéral. Ainsi, les véhicules autonomes auront un impact sur les réglementations des deux niveaux de gouvernement.
Les véhicules autonomes touchent à une multitude de domaines réglementaires, notamment les permis de conduire, les normes applicables aux véhicules, la sécurité routière, la responsabilité, l'assurance, la sécurité des véhicules à moteur, la sécurité des données et la protection de la vie privée. À ce jour, les véhicules autonomes n'ont pas fait l'objet de beaucoup de législation au Canada.
Dans l'attente de la demande, le gouvernement fédéral a collaboré avec les gouvernements provinciaux de l'Ontario et du Québec pour modifier la Loi sur la sécurité des véhicules automobiles afin de prévoir une exemption temporaire de conformité aux normes relatives aux véhicules automobiles pour les "nouveaux types de véhicules, de technologies, de systèmes de véhicules ou de composants". Comme les véhicules autonomes ne seraient pas conformes aux normes actuelles de sécurité des véhicules à moteur en vertu de la loi sur la sécurité des véhicules à moteur, cette exemption était essentielle pour éliminer les obstacles antérieurs à l'essai des véhicules autonomes au Canada.
Règlement de l'Ontario sur les véhicules autonomes
L'Ontario est à l'avant-garde des essais de véhicules autonomes au Canada. L'article 228 duCode de la route de l'Ontario stipule que "le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement, autoriser ou établir un projet de recherche, d'essai ou d'évaluation de toute question régie par la présente loi ou pertinente pour la circulation routière." Suite à cette sanction, l'Ontario a lancé début janvier 2016 un projet pilote de 10 ans pour tester les véhicules autonomes sur les routes publiques. Baptisé "projet pilote de l'Ontario", les principaux aspects résumés du projet sont les suivants :
- Il est réservé à des fins de test uniquement
- Il s'étendra sur une période de dix ans et comprendra des évaluations intermédiaires
- Seuls les véhicules fabriqués et équipés par des demandeurs agréés sont autorisés.
- Le conducteur doit rester à tout moment sur le siège du conducteur et surveiller le fonctionnement du véhicule.
- Le conducteur doit être titulaire d'un permis de conduire de classe complète pour le type de véhicule utilisé.
- Les participants éligibles doivent avoir une assurance d'au moins 5 millions de dollars.
- Toutes les règles du Code de la route et les sanctions en vigueur s'appliquent au conducteur/propriétaire du véhicule.
- Les véhicules doivent être conformes à la norme SAE J3016 et à toutes les exigences de la loi sur la sécurité des véhicules à moteur (Canada) qui s'appliquent aux systèmes de conduite automatisée pour l'année de fabrication du véhicule.
Le projet pilote de l'Ontario fait également référence à la norme internationale J3016 de la Society of Automotive Engineers (SAE), qui définit six niveaux d'automatisation des voitures :
- Niveau 0 - Pas d'automatisation - un conducteur humain effectue tous les aspects des tâches de conduite
- Niveau 1 - Assistance au conducteur - un conducteur humain est assisté par un système d'aide à la direction ou à l'accélération/décélération.
- Niveau 2 - Automatismes partiels - un conducteur humain est assisté à la fois par un système de direction et par un système d'assistance à l'accélération et à la décélération.
- Niveau 3 - Automatisation conditionnelle - un système automatisé effectue toutes les tâches de conduite dynamique en espérant que le conducteur humain réagira de manière appropriée aux demandes d'intervention.
- Niveau 4 - Automatisation élevée - un système automatisé exécute toutes les tâches de conduite dynamique, même si le conducteur humain ne réagit pas de manière appropriée à une demande d'intervention.
- Niveau 5 - Automatisation complète - un système de conduite automatisée effectue toutes les tâches de conduite dynamique, mais peut être géré par un conducteur humain.
*Notez que les véhicules fonctionnant au niveau 3 ou plus sont envisagés dans le cadre du projet pilote de l'Ontario.
Enfin, l'Ontario a récemment mené une consultation publique sur les modifications à apporter au projet pilote de l'Ontario. Bien que cette période de consultation soit maintenant terminée, les modifications proposées permettraient :
- L'immatriculation publique et l'utilisation de véhicules autonomes SAE de niveau 3 (automatisation conditionnelle) pouvant être vendus au Canada. Cette proposition permettrait à ces véhicules d'être immatriculés et conduits sur les routes de l'Ontario.
- Le platooning pour les véhicules utilitaires et les véhicules de tourisme. Dans cette proposition, le platooning est défini comme le fait de permettre à un véhicule équipé d'un système d'aide à la conduite d'en suivre un autre de près. L'un des avantages perçus du platooning est qu'il peut réduire la consommation de carburant, les émissions de gaz à effet de serre et contribuer à améliorer la sécurité et l'efficacité des routes.
- Essais de véhicules autonomes sans conducteur, grâce à des exigences supplémentaires en matière d'application. Cette proposition permettra de tester les véhicules de niveau 4 et 5 de la SAE sans conducteur au volant.
Règlement du Québec sur les véhicules autonomes
Le Québec a modifié son Code de la sécurité routière pour définir le terme "véhicule autonome" comme étant un véhicule routier de niveau 3, 4 ou 5 de la SAE, et pour prévoir des règles spéciales qui pourraient être établies dans le cadre d'un projet pilote visant à permettre aux véhicules autonomes de circuler sur les routes du Québec. De plus, le Code de la sécurité routière a été modifié pour ajouter une interdiction explicite de la conduite d'un véhicule autonome sur les voies publiques et les routes où la circulation publique est permise. Cette interdiction ne s'applique pas aux véhicules de niveau 3 de la SAE dont la vente est autorisée au Canada.
Le Québec a également modifié sa loi sur l'assurance automobile afin de prévoir une exemption du paiement des cotisations d'assurance pour les essais de véhicules autonomes dans le cadre de projets pilotes.
Lisez la deuxième partie de notre série pour savoir quelles politiques sont envisagées par le gouvernement fédéral pour aider à préparer le pays à une stratégie réussie en matière de véhicules autonomes.
En tant que membre du réseau TechAssure, ce qui précède a été fourni par de Fazekas, A & Barbieri, F Autonomous Vehicles - Canada (Norton Rose Fulbright, 2018).